Interview de Vert d’Iris, coopérative maraîchère bio près de Bruxelles

Choixlib a souhaité vous présenter Vert d’Iris qui est une coopérative maraîchère agroforestière bruxelloise qui produit des fruits et légumes bio pour les circuits courts. Elle offre aussi des bacs de culture en plastique recyclé et un programme d’apprentissage. Vert d’Iris grandit et cherche des moyens pour investir et répondre à la demande croissante pour les produits frais de qualité. Elle offre des conditions avantageuses aux souscripteurs de ses instruments financiers.

– Bonjour Frédéric, merci de répondre à notre interview et bravo pour votre superbe projet ! Pourriez-vous nous présenter Vert d’Iris ?

Vert d’Iris International est une coopérative potagère bruxelloise créée en 2013. Elle cultive des fruits et légumes bio à Anderlecht et Walhain (Wallonie) sur plus de 3 hectares, en développant un modèle d’agroforesterie éco-intensive. Vert d’Iris installe aussi des potagers en bacs et innove en menant des tests en valorisation des déchets organiques locaux, en vermiculture et en aquaponie. Elle propose un programme d’apprentissage en entrepreneuriat social pour l’alimentation durable, ancré dans la réalité commerciale du secteur, tout en favorisant l’échange d’expérience internationale. Plus d’info.

Vert d’Iris rassemble aujourd’hui autour de ses projets une équipe de 10 permanents, 30 apprentis et stagiaires, 300 actionnaires et un vaste réseau de partenaires. Un diaporama en ligne structuré présente les 1ères années de la coopérative (113 diapos) : Un diaporama en ligne structuré présente les 1ères années de la coopérative Vert d'Iris (113 diapos)

 

 

 

 

 

 

Un clip vidéo présente la coopérative en 2015 (6 min.)  : 

– Vous réalisez des campagnes de financement participatives, pourriez-vous nous expliquer le projet et combien souhaitez-vous collecter ?

Les potagers agro-forestiers de Vert d’Iris couvrent à présent plus de 3 ha. Ces potagers sont attractifs et porteurs de sens. Ils répondent à une forte demande régionale en produits locaux de qualité. Ils créent des emplois de proximité. En développant ses potagers, Vert d’Iris a assemblé un capital humain fort : 10 employés permanents, 30 apprentis, de nombreux volontaires… Toutefois, ces travailleurs sont encore sous-équipés matériellement. Mobilité, pépinières, irrigation, stockage, systèmes d’information, sont insuffisants. 

Afin de mieux équiper ses travailleurs, et améliorer leur efficacité opérationnelle, Vert d’Iris a entrepris fin 2020 une campagne visant à tripler son capital social ( le capital financier détenu par les coopérateurs sous forme de parts sociales et qui sert notamment à réaliser les investissements matériels de la coopérative.), par rapport à fin 2019. Le diaporama en ligne suivant introduit notre plan d’investissement.

Le plan d'investissement de Vert d'Iris

 

 

 

 

 

Au stade actuel (début avril 2021), nous avons déjà réussi à doubler notre capital social par rapport à 2019, en grande partie grâce à la conversion de la majorité des dettes en capital. Nous cherchons à réunir encore 250.000 euros de nouvelles parts sociales d’ici à la fin 2021, par phases. Pour mener à bien le chantier de démontage d’une serre en verre de 1000 m2 en région anversoise, par exemple, nous cherchons à lever encore 20.000 euros d’ici la fin avril.

– Pouvez-vous nous présenter vos 3 vergers ?

Deux potagers sont conduits en fermage, à Neerpede (Anderlecht). Betteraves enz. (32 ares, Photo 1) est le plus petit et le plus ancien. Il possède une ancienne serre en verre de 7 ares et un garage contenant un foodlab et une chambre froide. InnRGreen (110 ares, Photo 2), à 1 km au sud de Betteraves, est mis en valeur progressivement depuis 2015 sur un terrain difficile (déblais d’argile) au moyen de la culture fruitière et maraichère. Le troisième potager (1,7 ha, Photo 3) a commencé en 2020 à Walhain, sur le terrain d’un coopérateur propriétaire de la Ferme Saint-Pierre. (www.vertdiris.net/walhain).

Tous les potagers sont plantés de lignes de fruitiers basse tige et mi tige, associées à des planches de cultures maraîchères et aromatiques. Photo 1 : planches de culture diversifiées à Betteraves enz. planches de culture diversifiées à Betteraves enz

 

 

 

 

Photo 2 : blocs agroforestiers d’InnRGreen, juin 2020

blocs agroforestiers d’InnRGreen, juin 2020

 

 

 

 

 

 

 

Photo 3 : cultures de courges sous mirabelliers, Walhain (29 juillet 2020)

cultures de courges sous mirabelliers, Walhain

 

 

 

 

 

 

– Aujourd’hui, vous disposez de 3 potagers autour de Bruxelles. Avez-vous des projets pour ouvrir de nouveaux potagers et où seraient-ils situés ?

Nous n’avons pas de projets immédiats pour commencer nous-mêmes de nouveaux potagers, il y a déjà beaucoup à faire sur les potagers existants ! En revanche des initiatives de partenariats émergent avec d’autres potagers régionaux, qui pourraient déboucher sur la mutualisation de certaines ressources en fonction des opportunités et des besoins : logistique, écoulement, expériences, travail…

– Comment vivent les potagers partagés, vous autofinancez-vous, avez-vous des aides… ?

Vert d’Iris ne reçoit pas de subsides structurels en tant que tels. Nous soumettons souvent des projets aux appels à projet émanant de bailleurs de fonds, publics ou privés. Cela représente une petite partie de notre budget annuel, et ça n’est pas régulier. Les aides à l’emploi constituent un soutien plus régulier et prévisible, mais elles sont temporaires.

L’essentiel de nos ressources budgétaires proviennent de la vente au sein de nos divers secteurs d’activité : VEG, BAC, PEDA, HOST, TRANS, etc. Cela rend d’autant plus nécessaire de travailler à notre efficacité opérationnelle.

Nous sommes sur le point de clôturer nos comptes 2020, mais notre rapport de gestion 2019 est en ligne, et il comporte des projections pour 2020-2023 : 

Rapport de gestion 2019 de la coopérative Vert d'Iris

 

 

 

 

 

– Vous faites une partie de vos activités sous serres, une autre partie en extérieur, pourquoi ?

Certaines cultures ne sont pas adaptées à la culture sous serre : choux, épinards, par exemple ne s’y plaisent pas durant la saison chaude. Mais en général les serres représentent un excellent moyen de contrôler l’environnement des cultures, et en particulier la température et l’hygrométrie. En hiver la culture sous abri (non chauffé dans notre cas) permet de récolter des verdures beaucoup plus facilement qu’à l’extérieur : récoltes plus belles, plus abondantes, plus précoces. C’est le cas des épinards, roquettes, moutardes, cerfeuil, persil, coriandre etc. En été les serres facilitent également la culture des plantes qui valorisent bien les fortes chaleurs : tomates, aubergines, basilic, melon, concombre, fraises… Les serres sont donc avantageuses toute l’année. C’est la raison pour laquelle nous investissons depuis des années dans la récupération d’anciennes serres en verre (www.vertdiris.net/serre-en-vue). Des propriétaires nous en ont donné deux en 2020, que nous sommes occupés à démonter.

Photo 4 : panorama d’une serre abandonnée près d’Anvers (en cours de démontage par Vert d’Iris) panorama d’une serre abandonnée près d’Anvers (en cours de démontage par Vert d’Iris)

 

 

 

Photo 5 : inventaire des pièces d’une serre récupérée (Walhain, mars 2021) inventaire des pièces d’une serre récupérée (Walhain, mars 2021)

 

 

 

 

 

 

 

– Comment faites-vous pour faire coïncider la production et la demande ?

C’est toujours un pari de programmer des cultures en anticipant la demande à venir, des mois à l’avance. L’expérience des saisons passées fournit un bon guide, permettant d’identifier les cultures “piliers” qu’on peut lancer  avec une certaine confiance à certaines périodes, compte-tenu du système d’écoulement dans lequel on se trouve, et les cultures plus minoritaires pour lesquelles les marchés sont moins assurés, ou encore en émergence. Les tomates, l’aillet, la fève, les haricots, les courges, l’épinard, sont des exemples de cultures piliers pour Vert d’Iris. Le sureau, l’estragon, la targette, l’agastache, ou le maceron, représentent pour nous des cultures de niches plutôt modestes. Cela n’enlève rien à leur intérêt nutritionnel, gustatif et écologique : elles jouent en effet un rôle essentiel de plantes compagnes et d’habitat pour la biodiversité animale.

– Récemment une vague de froid s’est abattue sur l’Europe, après quelques jours caniculaires, qui devrait avoir un impact important sur les récoltes. Que peut-on faire face à ça ? Surveiller la météo et anticiper. Le gel peut frapper jusqu’à la mi-mai et occasionner la mort des plants sur les cultures fragiles (courges, tomates etc) ou la perte des fruits sur les cultures arboricoles et la vigne. Lors d’alertes au gel, on peut protéger les cultures fragiles avec des voiles de forçage, et adapter l’irrigation des semis.

Une autre stratégie consiste à préférer les variétés les plus rustiques et résistantes au froid. Une vague de froid, au-delà des dégâts éventuels directs sur les cultures, peut également se traduire par un retard sur la saison (ralentissement du développement végétal).

– Quels sont les freins et les complications que vous avez subies depuis la création de Vert d’Iris ? Par ordre alphabétique : complications administratives, conflits inter-personnels, embûches, inexpérience, malentendus, malveillance, naïveté, passion immodérée, rendez-vous manqués, sécheresse surprise, terrains inondés, vols,  … Il y aurait une liste assez longue à établir ! A mon avis deux principaux freins ont rendu assez ardu le développement de Vert d’Iris.

Le manque de savoir-faire La transition écologique requiert des gestes et des stratégies qui ne sont pas encore très répandus, soit parce qu’ils ont disparu au cours de l’industrialisation agricole, soit parce qu’ils sont largement à inventer dans le contexte nouveau qui émerge : technologies de l’information, urbanisation massive, changement climatique, demande sociale et politique inédite pour la transition, etc.

C’est le besoin de compétences qui nous a poussé à lancer avec le Crabe dès 2011 (2 ans avant la création de Vert d’Iris, dans le cadre d’un projet antérieur) un programme d’apprentissage en horticulture écologique (voir un clip vidéo sur la 1ère promotion de ce programme (1:38 min.) :

Aujourd’hui ce programme a évolué en « apprentissage pour l’entrepreneuriat social pour l’alimentation durable » (ESAD). Il a donné l’opportunité, depuis 2014, à des centaines d’apprentis, d’acquérir des bases conceptuelles et surtout de se confronter aux réalités du maraîchage agroforestier en situation commerciale active. 

 

Nous cherchons des partenaires pour développer ce programme comme l’explique ce diaporama en ligne (29 diapos) : Explication du programme de création de compétences pour la transition alimentaire de Vert d'Iris

 

 

 

 

 

Le manque d’équipement a très vite constitué un deuxième frein majeur, en relation étroite avec le premier. Le sous-équipement des travailleurs compromet l’efficacité opérationnelle des activités, la qualité du travail (du fait de la pénibilité de certaines opérations mal outillées), la qualité des produits (sécurité alimentaire, régularité), et la motivation des travailleurs. Nous en avons pris conscience progressivement et aujourd’hui c’est devenu un élément majeur de nos efforts de développement.

Vert d’Iris cherche activement à remédier au sous-équipement selon 5 axes principaux : mobilité, stockage pluvial, espace de pépinière, stockage des produits, et systèmes d’information. Ce plan d’équipement est présenté dans le diaporama suivant (36 diapos) :

Plan pour renforcer la capacité nourricière de la région de Bruxelles

 

 

 

 

 

 

 

– Comment espérez-vous faire évoluer Vert d’Iris dans 5 ou 10 ans ? Je serais heureux si Vert d’Iris, d’ici 5 à 10 ans, contribue à l’identification d’un modèle d’entreprise résilient, qui réponde aux besoins de la transition sociale et écologique. Parcourir le chemin d’apprentissage nécessaire vers ce modèle nécessite un effort de soutien aujourd’hui.

Nous avons besoin d’un meilleur équilibre entre l’intensification écologique et l’intensification technologique. 

L’intensification écologique repose sur l’usage, et donc la reproduction, des services écosystémiques : en particulier les fonctions d’habitat offertes par le sol et l’environnement des cultures. L’intensification technologique repose sur l’usage d’artefacts de synthèse humaine : depuis les outils mécaniques (de toutes tailles) jusqu’aux systèmes d’information et d’automation (des plus simples aux plus sophistiqués), en passant par des milliers de molécules de synthèse.

Historiquement, l’agriculture a accru son intensification technologique, souvent aux dépens de l’intensification écologique. Depuis un siècle en Occident par exemple, le travail du sol mécanisé et la chimie de synthèse ont  énormément dégradé les habitats offerts par le sol à l’activité biologique. Ceci a réduit les services écologiques rendus par le sol, en termes de fixation biologique d’azote et de carbone, de décomposition des matières organiques, de structure du sol favorable aux cultures, de capacité de rétention d’eau et de minéraux, de symbiose biologique favorables aux cultures, etc.

Simultanément, l’industrialisation a exclu l’immense majorité de la population de l’agriculture, toutes générations confondues. Notre société se retrouve aujourd’hui gravement déconnectée de services écosystémiques dont l’importance est peu à peu reconnue. C’est le cas des fonctions favorisant le développement cognitif et social ​: fonctions esthétiques, culturelles, récréatives, pédagogiques, scientifiques, identitaires, mises en lumière il y a une vingtaine d’années par le courant de recherche de l’écologie économique.

Cette dimension d’inclusion est exposée dans le plan de développement d’ESAD, diapos 19 à 12. Aujourd’hui nous avons besoin d’équilibrer ces deux intensifications, afin de retisser non seulement le maillage agro-écologique, mais aussi le maillage social, tous deux mis à mal par l’industrialisation de l’agriculture.

Parvenir à cet équilibre demain requiert une mobilisation aujourd’hui Vert d’Iris a besoin d’aide pour progresser vers cet équilibre, car le chemin n’est pas tout tracé.

Chacun peut contribuer à sa façon :

  • en devenant coopérateur (à partir de 100 euros)
  • en demandant une note d’infos sur nos outils financiers (sans engagement) : mailto:admin@vertdiris.net
  • en effectuant une donation libre sur le compte de Vert d’Iris (IBAN : BE74 0016 8864 4607) ou via notre page Leechi
  • en donnant des équipements fonctionnels inutilisés : véhicules, caravanes, mobilier, électro-ménager, outillage manuel et électrique (contact : mailto:admin@vertdiris.net)

en diffusant nos infos dans son réseau, par ex notre lettre info du 03 avril 2021.

– Merci pour tous ces détails très intéressants. L’équipe de Choixlib souhaite beaucoup de réussites à Vert d’Iris !