Interview de BioDemain, marque de produits en transition vers la bio

BioDemain est une entreprise qui propose des produits issus d’agriculteurs en conversion vers le bio, et aide ainsi les agriculteurs dans la difficile période vers le bio. Nous avons souhaité interviewer BioDemain pour vous faire découvrir cette marque et son concept !

Bonjour, pouvez-vous présenter BioDemain ?

BioDemain est une jeune entreprise sociale qui aide les agriculteurs à passer au bio

! Elle a été créée par deux jeunes étudiants, Maxime Durand et Stéphane Delebassé afin de soutenir les producteurs durant la difficile période de conversion vers le bio. Pour les encourager et les soutenir dans leur démarche, nous achetons leurs produits au prix juste, un prix qui prend en considération le surcoût de production lié à la transition. Nous les valorisons ensuite dans une gamme d’épicerie pas (encore) bio.

Comment se passe la transition en bio pour un agriculteur ?

C’est une période particulièrement compliquée. Pendant 2 à 3 années, l’agriculteur doit cultiver selon les règles strictes du bio : il voit ses charges augmenter et ses rendements baisser. N’étant pas encore labellisé, il continue de commercialiser ses produits au prix du conventionnel. Pour encourager et soutenir les agriculteurs français dans cette conversion, BioDemain leur propose une rémunération juste, prenant en considération le surcoût de production relatif à cette transition. Nous valorisons ensuite leur production auprès du consommateur dans notre gamme d’épicerie « pas (encore) bio ».

Est-elle la même pour tous les fruits et légumes ?

Non, la conversion biologique n’est pas la même pour tous les agriculteurs et elle ne demande pas les mêmes efforts humains et financiers. La durée de conversion dépend du type de production et varie de 2 à 3 ans selon les cultures. Une culture pérenne (c’est à dire qui reste en sol pendant plusieurs années consécutives) comme un verger, une culture annuelle comme une céréale ou encore une culture fourragère comme les prairies permanentes ont des périodes de conversion différentes. Nous nous adaptons dans notre démarche à la typologie de la production de l’agriculteur à qui nous venons en aide.

Quels produits vendez-vous et quels sont vos best-sellers ?

Gamme de produits BioDemain) Nous vendons une gamme de produits simples, du quotidien, qui permettent de changer le monde sans changer nos habitudes. Notre gamme d’épicerie pas (encore) bio accompagne toutes les typologies d’agriculteurs : des arboriculteurs aux céréaliers, des apiculteurs aux maraîchers…

Le jus de pomme et le jus de poire sont nos best-sellers, ils sont frais et fruités et se vendent très bien ! Nous proposons également de la purée de pommes, du miel de fleurs, du vin blanc sec, du cidre, de la farine de blé et des légumineuses : lentilles vertes, quinoa et pois chiches. Nous venons d’ajouter à notre gamme l’huile d’olive vierge extra.

Ou peut-on acheter les produits Biodemain et voyez-vous des freins des enseignes à distribuer vos produits hybrides, qui ne sont pas tout à fait bio ?

Meuble de produits BioDemain Il est possible d’acheter les produits BioDemain dans plus de 100 magasins bio partenaires tels que BBG, Naturalia, NaturéO entre autres. Nos produits sont également accessibles en ligne, via les drives notamment le Drive tout nu à Lille, un drive responsable et zéro-déchet. Nous avons à cœur de nous associer à des partenaires innovants, positifs et engagés pour la protection de l’environnement, comme La Fourche avec qui nous collaborons depuis nos débuts.

Nos produits sont en conversion biologique donc ils correspondent parfaitement aux besoins des consommateurs des magasins bio. Certes, nos produits ne sont pas (encore) bio, mais ils sont déjà cultivés selon les contraintes du cahier des charge de l’AB. En plus de cela, en achetant un produit de notre gamme, le consommateur sait qu’il agit directement en aidant les agriculteurs désireux de changer leur mode de production et participent ainsi au développement de l’agriculture durable.

Pour élargir au maximum notre impact, nous avons créé une deuxième marque, Transition, destinée à la grande distribution. Nous souhaitons sensibiliser un large public aux enjeux de l’agriculture biologique et donner l’opportunité à tout le monde de participer à l’élaboration d’un monde plus durable.

En terme tarifaire, comment se situe Biodemain comparé aux produits bio ?

Nos prix sont compris entre le conventionnel et le bio, au plus proche du bio. Nous rémunérons les agriculteurs au juste prix, un prix déterminé en concertation avec eux. Pour eux, la différence est remarquable : nous parvenons à les payer 80% de plus que les prix conventionnels.

Prévoyez-vous de développer de nouveaux produits dans les mois à venir ? Aujourd’hui, vous ne faites que des produits pas ou faiblement transformés; prévoyez-vous de proposer des produits demandant plus de transformation dans le futur, comme de la pâte à tartiner ou autre ?

Jus de Pomme BioDemain Oui, nous sommes actuellement en train d’étudier pour élargir notre gamme et ainsi pouvoir accompagner toujours plus d’agriculteurs. Notre objectif premier est de venir en aide aux agriculteurs français/locaux, donc nous recherchons uniquement des matières premières cultivables localement. De la même manière, les produits que nous souhaitons développer doivent être transformés au minimum : nous souhaitons rester au plus proche du naturel. Nous n’envisageons pas de développer de pâte à tartiner car il n’existe tout simplement pas de producteur de cacao français !

Vous avez levé 225 000 € sur Lita, combien d’investisseurs avez-vous eu ? Quelles nouvelles contraintes cela génère-t-il ?

Nous avons eu la chance de compléter notre levée de fonds rapidement et d’accueillir à nos côtés de nouveaux acteurs pour l’entreprise, qui sont au nombre de 230. Cela n’a pas généré de contraintes, au contraire : nous avons élargi notre communauté avec des profils très variés qui vont nous aider à élargir la vision de notre développement à long terme.

Comment voyez-vous BioDemain dans 10 ans ?

Dans 10 ans nous serons en mesure d’accompagner tous les agriculteurs français qui souhaitent passer à la bio et pourquoi pas, nous nous serons étendus au-delà des frontières françaises pour soutenir des agriculteurs dans toute l’Europe

Combien d’agriculteurs sont partenaires de BioDemain ? 

Aux débuts de BioDemain, nous aidions 30 agriculteurs. Cette année, nous prévoyons d’aider 100 agriculteurs et en 2022, nous pensons soutenir 500 agriculteurs dans leur période de conversion.

Quelle part de la production des agriculteurs partenaires achetez-vous ?

C’est très variable, tout dépend de la taille du producteur en question, ça peut être une grosse partie de sa production comme une plus petite. Aujourd’hui, un agriculteur bio peut utiliser un tracteur polluant ou des serres. Pensez-vous qu’il faille renforcer le label bio en ce sens ? 

Nous sommes convaincus que le label bio doit défendre un esprit global de respect de l’environnement tout en restant dans une logique de réalité économique et technique abordable pour que chaque producteur puisse tendre vers cet idéal. Par exemple, des incitations doivent être mises en place pour limiter l’utilisation de tracteurs trop consommateurs de carburant sans pour autant interdire l’utilisation des tracteurs en eux-mêmes. Dans la même logique, il faut arrêter l’utilisation de serres chauffées tout en laissant la possibilité d’utiliser des serres classiques qui ne sont, elles, pas polluantes.

Prévoyez-vous de vendre vos produits sur internet, sur les grandes marketplaces ou via votre propre site internet ?

Meuble de produits BioDemain Nous vendons déjà nos produits sur internet, via des drives et des fournisseurs engagés, notamment la Fourche, et nous sommes en discussion avec d’autres acteurs de la communauté française bio. Nous avons également mis en marche le processus de création de notre propre site e-commerce, qui devrait être opérationnel dans peu de temps !

Comment voyez-vous l’évolution de la consommation alimentaire et du bio dans les années à venir ?

La consommation de produits issus de l’agriculture biologique est en constante augmentation, la tendance est à la hausse. S’alimenter en bio c’est protéger sa santé et l’environnement et de plus en plus de citoyens s’en rendent compte et agissent pour changer leurs habitudes.

Merci beaucoup pour cette interview, nous souhaitons un grand succès à BioDemain !